» kiss me, pretty please. {Sa Rang}

T'as déjà visité la salle des conseils ?

Un sourire dessinait les lèvres du blond qui marchait aux côtés de la jeune femme, les mains dans les poches, regardant tout droit. Et il savait exactement l'endroit où il s'en allait, emportant Sa Rang avec lui. Il tourna lentement la tête vers celle-ci et pinça les lèvres. Quoi ? Non, ce n'était pas permis d'emmener les élèves qui n'étaient pas chefs dans cette salle. Mais qu'est-ce que Bo en avait à faire, au fond. Ce n'était pas rare de voir Bo abuser de ce « privilège » qu'était d'être chef de sa propre confrérie. Par exemple, sécher des cours sans conséquences et entraîner avec lui d'autres élèves. Ou emmener Sa Rang dans la salle de conseils, lieu qu'elle n'était pas censée visiter non plus. Il éclata presque de rire devant l'air étonné de la jeune femme, sa langue se glissant contre sa lèvre inférieure alors que ses traits semblaient prendre toute la fierté qu'il possédait. Même Jun Wan, par gentillesse, n'aurait pas osé faire ça. Non en fait, Jun Wan surtout, il n'aurait jamais fait ça. Même Jun hae ne l'aurait probablement pas fait. Et pourtant, Bo n'avait pas spécialement le profil d'un jeune homme rebel. Plutôt le profil d'un jeune homme qui n'en a pas grand chose à foutre des règlements...

Mais, profondément, il savait parfaitement que c'était ce pourquoi le directeur l'aimait tant. Ah, ces deux-là, ils se comprenaient tellement bien.

Il lui fit signe de garder secret et de ne rien dire de plus. Parce que s'il avait décidé de lui faire visiter cette salle, il l'avait décidé, un point c'est tout. Au fond, il y avait bien une raison pour laquelle le blond voulait se trouver seul dans cette pièce avec son amie. Non, ça n'avait absolument rien de louche - c'était plutôt parce que là, personne n'allait les déranger. Encore une fois, ça n'avait rien de très spécial, disons simplement qu'il tentait d'échapper à une certaine personne qui semblait être prête à tout pour le posséder depuis quelques temps. Un vrai pot de colle qui ne cessait de le suivre partout et de lui demander avec tous les mots possibles s'il était possible qu'ils se voient un soir. Bo n'était pas méchant, mais à force de trouver des excuses, il ne savait plus du tout quoi lui dire. Au départ, il avait été clair, mais l'acharnement de cette pauvre fille l'avait finalement touché, au point où il ne savait plus comment agir face à cette dernière. D'ailleurs, Sa Rang devait se demander pourquoi il semblait nerveux chaque fois que des pas s'approchaient ou qu'une ombre passait. Ce qui, on s'en doute, parmi vingt-six milles élèves, n'était pas du tout rare. Bo s'arrêta alors de marcher lorsqu'ils arrivèrent face à une porte. Normale d'apparence, si on excluait le fait qu'il y était inscrit « Interdit aux élèves. »

Il sorti un porte clé de sa poche - qui n'était pas très bien garni et contenait exactement trois clés. Celle d'une voiture, celle de sa chambre, et celle de la salle des conseils. Il trouva la bonne clé en deux secondes et l'approcha de la porte - avant de l'échapper, des mains se posant sur ses épaules, le faisant sursauter. Ah non ! Merde ! Et lui qui venait ici exprès pour ne pas la -

BoBoo !

Une grimace, inévitablement. Il tourna lentement la tête vers Sa Rang, la même grimace au visage, avant d'afficher un sourire des plus naturels qu'il le pouvait - c'est-à-dire, pas du tout naturel. Même si la voix ne trompait absolument pas, il avait encore le mince espoir de s'apercevoir que ce n'était pas cette même jeune fille qu'il avait craint toute la journée. Espoir qui fut anéanti lorsque celle-ci lui fit la moue, joignant ses mains derrière son dos et levant la tête pour le regarder directement dans les yeux. Le blond tourna la tête, observant au loin, glissant ses mains dans ses poches.

Oh, bonjour.

Oppa, ne joue pas le jeu de l'innocence, tu sais parfaitement que tu m'avais dit qu'on reparlerait aujourd'hui de...

Et elle parlait, parlait, exprimant sa frustration - sa déception - face au fait que Bo ne l'ait pas rappelée pour discuter d'une future sortie ou - enfin, il ne se rappelait plus trop, et franchement, il n'écoutait pas réellement ce qu'elle disait, cherchant un moyen de se sortir de là. Il tourna alors à nouveau la tête vers la Gamjeong à ses côtés et haussa un sourcil. Une idée venait de lui effleurer l'esprit. Bien sûr, les idées de Bo ne semblaient pas toujours être des plus géniales aux yeux des autres, mais lui se contentait de sa grotesque imagination. Il attrapa la main de la jeune femme et l'attira doucement à lui. Un nouveau sourire, plus naturel cette fois, dessina les lèvres du jeune homme qui tournait la tête vers la dite « pot de colle. »

Je suis impoli - je ne t'ai pas présenté ma petite amie. Sa Rang, tu la connais ? Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines - ça a été le coup de foudre. Pas vrai, chaton ?

Le flot de paroles de la jeune femme fut soudainement coupé. Elle sembla d'abord surprise - normale - qu'il ne lui ait pas parlé de sa supposée « nouvelle copine. » Surtout que celle-là, franchement, elle semblait s'être mis en tête qu'elle était la seule à pouvoir faire chavirer le « coeur de glace » du blond... ce qui était complètement ridicule, puisque Bo n'avait de toute évidence pas un coeur de glace. Il n'aimait pas les histoires d'amour, certes, mais ça n'allait pas au point de dire qu'il refusait de croire que les gens amoureux ne pouvaient être heureux. Puis, la surprise fut bien rapidement remplacé par un air de défi. Elle croisa les bras contre sa poitrine, l'air plus féroce - femme - que jamais, penchant légèrement la tête de côté. Si Bo avait appris quelque chose des femmes, c'est que cet air là n'était généralement pas bon. Alors il vous fallait une bonne raison pour vous en sortir, autrement elle ne vous croirait pas. Ou elle vous bafferait. Ou encore, on ne savait jamais, mais les femmes pouvaient être cruelles et celle-là, elle l'était. Vraiment. Et le pauvre Bo commençait à se sentir rapetisser face à l'air menaçant qu'elle lui lançait - c'était des éclairs qu'il voyait dans son regard ?

Ah bon ? Non, je ne la connais pas. D'ailleurs... je n'en ai jamais entendu parler, c'est bizarre ! Et je ne vous ai jamais vu ensembles.

Évidemment ! Évidemment, quel idiot. Il glissa sa main contre la taille de son amie et l'attira à nouveau à lui, tournant la tête pour lui faire face cette fois. Il mordilla l'intérieur de sa joue et murmura quelques mots à cette dernière. C'était la première fois qu'il suppliait une femme de l'embrasser.

Bo Hyun : T'as déjà visité la salle des conseils ?

Sa Rang : Bo, tu sais très bien que tu es la seule personne capable d'avoir ce genre d'idée et avoir le courage de le faire. Non, je n'y ai jamais mis les pieds.

Fille : BoBoo !

Bo Hyun : Je suis impoli - je ne t'ai pas présenté ma petite amie. Sa Rang, tu la connais ? Je l'ai rencontrée il y a quelques semaines - ça a été le coup de foudre. Pas vrai, chaton ?

Sa Rang : Euh...oui. Le coup de foudre !

Fille : Ah bon ? Non, je ne la connais pas. D'ailleurs... je n'en ai jamais entendu parler, c'est bizarre ! Et je ne vous ai jamais vu ensembles.

Oh ça, il le savait, qu'il allait devoir lui rendre la pareille de façon convenable. C'est-à-dire qu'il lui devait un truc bien plus gros que ce qu'il lui demandait, présentement. Il fut presque soulagé lorsque Sa Rang sembla accepter, non sans réticence évidemment, et s'approcha de lui. Ce n'était pas comme s'il lui volait son premier baiser, non plus. Donc il ne se sentait absolument pas coupable. Heureusement qu'elle était réceptive. Ou du moins, à moitié. Il avait légèrement incliné la tête pour joindre ses lèvres aux siennes, sa main se faisant légère au bas du dos de la jeune femme. Situation étrange, franchement, mais pour être honnête, Bo n'allait certainement pas s'en plaindre. Puis le baiser s'était prolongé, probablement un peu plus longtemps qu'il n'aurait dû - peut-être qu'ils s'étaient un peu trop pris au jeu, en fait. Une chose était certaine, si Sa Rang lui paraissait convaincante même à lui, alors cette fille n'y verrait que du feu. Parlant de feu, elle serait certainement rouge de rage devant la scène. Lui-même n'aurait pas fait ça en temps réel, pas s'il avait réellement quelque chose à prouver. C'était tout simplement grossier et impoli, un peu irrespectueux aussi. Lui-même n'aurait pas aimé se retrouver comme ça devant deux imbéciles qui se bécottent, à pleine gueule ou non. Mais dans ce cas, c'était pour une bonne raison, non ? D'accord, c'était cruel. Sauf que, là, pour le coup, Bo ne se sentait même pas coupable de faire un coup pareil. Il avait même glissé son autre main contre la taille de la jeune femme, les quelques secondes pendant lesquelles duraient ce baiser s'étirant un peu, jusqu'à ce que le blond ose finalement ouvrir un oeil. Et la première chose qu'il vit furent les talons de la jeune inconnue qui tournaient le coin du couloir. Dire qu'il ne connaissait même pas son prénom. Il cligna des yeux, comme réalisant la situation, et s'écarta, un peu moins doucement cette fois, ses mains retombant dans le vide et son corps se distançant de l'autre automatiquement. Mh. Silence. Il devait s'excuser, peut-être ? Ou plutôt ne rien dire et faire comme si de rien n'était. Après une courte réflexion d'à peine... deux secondes, il se tourna et ramassa les clés qu'il avait laissé tomber. Il trouva la bonne clé et la fit glisser dans la serrure, tout naturellement. Maintenant, ça n'avait plus trop d'intérêt que de se réfugier dans cette pièce, mais il lui avait dit qu'il lui montrerait la salle des conseils de toute façon. Autant le faire, dans ce cas. Et puis, au moins, ils seraient en paix. Il ouvrit la porte et observa les alentours un instant.

C'était vrai que c'était plutôt vide, aujourd'hui, mais ce coin là de l'école n'était pas réellement le plus fréquenté non plus, donc ça s'expliquait parfaitement. De plus, le temps était bon dehors, les élèves devaient donc sûrement profiter des dernières journées pas trop froides avant que l'hiver ne s'installe totalement. Mais même si c'était vide, il doutait parfaitement qu'on allait en entendre parler dans les prochains jours, que ce soit en bien ou en mal. Mais ça, il en avait l'habitude. Il réfléchissait et agissait toujours sur un coup de tête. Les conséquences de ses actes, il ne les réalisait que par après. Donc, oui... il avait l'habitude de faire de grosses gaffes. Et préférait ne pas y penser - pour le moment. Cela dit, ils savaient tous deux se défendre et ce n'était pas vraiment le plus gros dilemme du jeune homme. Non, mais « on récolte ce que l'on sème », disait-on.

Il poussa la porte et posa un premier pied à l'intérieur, balayant la pièce des yeux pour voir s'il n'y avait personne. À cette heure là, et pour aucune raison précise, il n'y avait aucune raison d'y avoir quelqu'un - et il avait vu juste. Ah, maintenant ils devaient parler en privé, sûrement. Il imaginait déjà les reproches. Il fit signe à son amie d'entrer et referma la porte lorsqu'elle passa devant lui. Un bruit sonore indiqua qu'elle s'était automatiquement verrouillée à nouveau et Bo s'avança dans la pièce, où trônait une grande table ronde en pleins milieu. Vraiment, la salle n'avait rien de particulier, sauf peut-être son allure un peu rustique comparée au reste de l'école. Plusieurs papiers et annonces affichées sur un tableau d'affichage, exactement neuf chaises, bref, elle tenait une allure légèrement « royale » sans trop l'être. Bo s'appuya contre la table et posa enfin son regard vers Sa Rang, pinçant les lèvres.

Désolé de t'avoir entraînée là-dedans. Mais - elle ne m'aurait pas lâché de la journée, sinon. Enfin, tu l'as vu parler...

Il baissa la tête, un léger rire s'échappant d'entre ses lèvres alors qu'il se décollait déjà de la table. Il tira une chaise - celle où il s'assoyait toujours - et se laissa retomber dedans, joignant déjà les mains sur ses cuisses.

Mais, oh, tu fais bien ça pour la madone de Kyung-Hee !

Il tira la langue, parce qu'il aimait la taquiner comme tous les autres. Taquiner était bien le bon mot, considérant qu'il n'y avait absolument rien eut de vulgaire à son geste, encore moins de sous-entendus. Il se calla dans la chaise et ferma les yeux un instant. Se reposer dans cette salle, c'était aussi rare qu'impossible. En même temps, lorsqu'il venait ici, c'était généralement pour bosser. Ou pour un débat enflammé entre les pauvres chefs de maison. Tant qu'il y pensait, ça aurait probablement été beaucoup plus intéressant pour Sa Rang s'il l'avait emmenée dans cette pièce pendant un de ces fameux conseils - dont personne ne connaissait les échanges. Mais ça, évidemment, c'était totalement, absolument et carrément hors de question. Si Bo avait réussit à ramener Hyuk Hee quelques fois aux conseils des chefs, c'était un rare privilège qu'on lui accordait. Pas comme s'il avait l'intention de passer tous les élèves pour leur révéler ce qui se disait ici, non plus, mais c'était une règle de principe, certainement. Son attention se posa vers la fenêtre dont le grand rideau était fermé, tandis qu'il murmurait quelques mots, juste assez fort pour qu'elle puisse l'entendre. Puis un sourire amusé dessina les lèvres du plus vieux.

T'aurais dû voir ta tête, n'empêche...

Bo Hyun : Désolé de t'avoir entraînée là-dedans. Mais - elle ne m'aurait pas lâché de la journée, sinon. Enfin, tu l'as vu parler...

Sa Rang : Ne t'en fais pas. Si ça m'avait réellement dérangé, je te l'aurais fait savoir. Après tout, ce n'est pas la première fois que je t'aide à sortir de ce genre de situation...Je suis sûre qu'on en rira dans quelques jours.

Bo Hyun : Mais, oh, tu fais bien ça pour la madone de Kyung-Hee !

Sa Rang : Haha !

Tu verras, la madone ne restera plus madone bien longtemps. Et ça arrivera plus vite que tu ne le penses.

Bo Hyun : T'aurais dû voir ta tête, n'empêche...

Sa Rang : Beh quand même, je savais que tu pouvais avoir des idées tordues, mais celle-là a battu tous les records. Surtout que je n'ai jamais été douée pour improviser. D'ailleurs, tu me dois une faveur pour ça. Et s'il te plaît...essaie de ne pas mettre mon frère au courant de ça. Il ne faut pas qu'il se doute de quelque chose. Il choisi presque mes fréquentations alors s'il devait apprendre qu'on s'est embrassé pour...un service....il va devenir fou.

« Je suis sûre qu'on en rira dans quelques jours. »

Bo sourit à cette remarque. Oh, pas besoin de quelques jours pour en rire. Ce n'était pas la fin du monde non plus. Il baissa lentement la tête, appuyant un pouce contre le revers de sa main, y laissant une trace qui disparu quelques secondes après, tandis que Sa Rang lui parlait. Il n'osa pas lever la tête à la suite de ses mots, pinçant les lèvres, son regard se posant au sol. Un silence se prolongea dans la salle, comme si Bo ne savait pas vraiment quoi y répondre. En fait, ce n'était pas qu'il ne savait pas quoi y répondre, mais plutôt que ce qu'elle venait de dire sonnait à ses oreilles comme une grosse bêtise. Il posa ses mains sur les accotoirs de la chaise et releva la tête, celle-ci se posant contre le dossier, ses yeux se fermant une seconde tandis qu'il soupirait. Il ouvrit les yeux, cligna, et posa son regard vers le visage de son amie, les lèvres toujours pincées l'une contre l'autre.

Tu sais, Sa Rang... ce n'est pas à moi de te faire la morale à ce sujet. Je pense que ton frère le fait déjà suffisament bien...

Nouveau sourire. Tout le monde savait que, de prêt ou de loin, Jun Wan avait cette attitude avec les gens qui comptaient à ses yeux. Pas comme si Bo comptait réellement à ses yeux, mais comme il le côtoyait régulièrement, il était en bonne position pour savoir comment il agissait dans la vie de tous les jours. Cela dit, il ne le connaissait pas du tout par coeur, et même « pas du tout » tout court aurait été plus approprié dans ce cas. Mais bon, ça ne l'empêchait pas d'être au courrant. Il se redressa et quitta la chaise où il venait à peine de s'asseoir, se dirigeant vers la grande fenêtre de la pièce, écartant les rideaux. Le soleil infiltra doucement la pièce et Bo s'assit au bord de celle-ci, cette fois, son regard divaguant à l'extérieur. Il n'était pas non plus du genre à conseiller les gens ou encore à leur donner son avis. Encore moins à être du genre « protecteur » avec ceux-là. Sauf pour quelques cas tout particulier. Sa Rang, par exemple, en faisait partie. Hyuk Hee aussi, probablement, mais beaucoup moins directement envers le gamin.

Mais je n'arrive pas à comprendre ce qui te presse à ce point. Je pourrais t'en nommer une tonne qui voudraient se faire « la madone » parce que c'est trop bien.

Il tourna la tête vers la jeune femme et marqua une pause. Lui n'avait pas été là pour dire ce genre de choses à sa soeur, qui, de toute façon, n'en aurait fait qu'à sa tête. Et maintenant, elle était devenue la catin de l'université. Ce n'était pas plus un dégoût qu'une déception face à ce comportement, mais c'était probablement ce qui le poussait à dire ces mots. Pas qu'il tenait à Jun Wan comme s'il était lui-même son frère, mais plus par principe qu'autre chose. Et puis, Bo respectait le chef des Yumyeong. Il comprenait parfaitement ce que c'était, même si, parfois, il devait avouer que ce dernier exagérait... quoi qu'il en soit, lui, il avait échoué à la tache, peu importe ce qu'on en dira. Son sourire se dissipa alors qu'il baissait à nouveau la tête. Non, ce n'était pas à lui de dire tout ça. C'était ce qui rendait la chose un peu plus difficile, pourquoi il n'arrivait pas à la regarder directement en le disant. Un drôle de malaise.

C'est juste que... tu devrais faire attention. Ça serait triste que tu offres ce cadeau à n'importe quel imbécile qui ne le mérite pas. C'est ce qui te rend précieuse.

Il se redressa à nouveau et revint sur ses pas, retournant auprès de la jeune femme pour s'asseoir à côté d'elle sur la table. Il posa un index contre la tempe de sa cadette, murmurant un faible « Babo. » avant de se laisser retomber contre celle-ci dans un long soupire. Comme c'était chic, surtout après ce qu'il venait de lui dire. Allez, il n'allait pas le cacher, lui-même aurait bien aimé être à la place de ce garçon qu'elle choisirait. Pas au point d'en devenir une obsession, bien sûr. Mais c'était tout normal : Sa Rang était une jolie jeune femme et, lui, il était le pauvre Bo aux envies purement normales. Ou pas. Enfin, disons qu'il n'aurait pas refusé. Contradictoire, puisque dans un autre sens, il la respectait beaucoup trop et ne considérait pas non plus être celui qui le méritait le plus. Et puis, il n'avait pas du tout envie de s'attirer les foudres du frère de la belle. Autant dire qu'il ne faisait pas du tout le poids à côté de Wan. Mais ça, c'était pas étonnant. Ses bras se glissèrent sous sa tête alors qu'il fermait de nouveau les yeux. On aurait pu croire qu'ils se trouvaient en plein milieu d'un parc, par une belle après-midi de septembre. Seulement là, Bo prenait la position sur une table dans une salle de conseil, rien de plus normal quoi. Ne pas en parler à son frère ? C'était bien beau, tout ça, qu'il ne lui en parle pas. Il pouvait jouer la carte de l'innocence autant qu'il le voulait, faire comme si rien ne s'était passé et jouer les étonnés si Jun Wan lui posait la question, mais ce n'était probablement pas lui qui le lui annoncerait. Il n'aurait même pas le temps de penser à le lui dire qu'il le saurait déjà. Les rumeurs, ça courrait vite. Et ça, on ne pouvait pas les arrêter. Alors qu'en plus, il ait raconté qu'ils soient un couple, c'était pire. Elle allait le réaliser, et ça bien rapidement. Il ouvrit tout de même un oeil pour la regarder lorsqu'il lui répondit.

Je n'en parlerai pas à ton frère si tu veux, mais ce n'est probablement pas moi qui le lui annoncerai... les rumeurs, c'est comme la peste, ma belle.

Bo : Tu sais, Sa Rang... ce n'est pas à moi de te faire la morale à ce sujet. Je pense que ton frère le fait déjà suffisament bien...

Bo : Mais je n'arrive pas à comprendre ce qui te presse à ce point. Je pourrais t'en nommer une tonne qui voudraient se faire « la madone » parce que c'est trop bien.

Sa Rang : Une tonne ? Je serais curieuse de savoir de qui tu parles...

En même temps, c'est légèrement...flippant.

Bo : C'est juste que... tu devrais faire attention. Ça serait triste que tu offres ce cadeau à n'importe quel imbécile qui ne le mérite pas. C'est ce qui te rend précieuse.

Sa Rang : Jun Wan m'a dit la même chose.

Bo : Je n'en parlerai pas à ton frère si tu veux, mais ce n'est probablement pas moi qui le lui annoncerai... les rumeurs, c'est comme la peste, ma belle.

Sa Rang : Mais toi...tu n'es pas n'importe qui. Tu pourrais très bien être le premier.

Il s'était contenté d'un regard amusé lorsqu'elle lui dit qu'elle était curieuse de savoir de qui il s'agissait exactement. Si on fermait les yeux et refusait d'entendre les conversations qui se déroulaient dans l'école, c'est sûr qu'on n'y voyait que du feu. Bo, pour sa part, avait remarqué que quelques uns de sa confrérie avaient en tête d'attraper Sa Rang pour la compter dans une de leurs conquêtes. Chaque fois qu'il entendait ou apprenait quelque chose du genre, il se frustrait, même s'il préférait ne rien dire. D'un sens, il n'était pas du genre à se mêler des choses qui ne le concernaient pas. D'un autre, il lui arrivait d'avoir beaucoup de mal à garder son sang-froid, ce qui n'était donc pas du tout une bonne chose pour lui que de mettre son nez là-dedans. Alors, balancer les noms à Sa Rang ? Non, ce n'était qu'une mise en garde. Lui dire de faire attention aux gens qu'elle fréquentait. Parce que, oui, elle était naïve par moment. Mais ça, il avait souvent l'impression que c'était le cas général des femmes. Soit elles étaient trop faciles, soit elles étaient trop naïve, ou peut-être qu'au fond, elles avaient l'impression qu'une faible minorité de garçons étaient des salauds. Ce qui était faux, puisque Bo savait lui-même être un de ceux-là par moments. De toute façon, certains d'entre eux étaient des gens qu'il connaissait. Malgré lui.

Il avait ouvert les yeux lorsqu'il avait senti la jeune femme bouger, seulement pour la voir se coucher à ses côtés, puis ensuite venir caler sa tête au creux de son épaule. Un mince sourire avait alors dessiné les lèvres du blond, qui avait en même temps étiré son bras autour des épaules de la plus jeune. Puis, il avait refermé les yeux après son merci, paisible, ne s'attendant visiblement pas à la suite des choses. Même s'il se considérait proche de la jeune femme, parfois, il devait avouer être surpris. Elle avait, elle aussi, tendance à être imprévisible par moments. Rien à voir avec lui, évidemment, et ça il en était conscient. Mais le calme et le silence étaient revenus dans la pièce, ce que Bo considéra être un moment de réflexion face à ce qu'il avait dit. Oui, son frère le lui avait déjà dit. Certes. Mais l'entendre de la bouche d'un ami, c'est différent. Lui, en tout cas, le voyait d'une façon plus objective. Le grand frère voulait plutôt enfermer sa petite soeur dans une cage pour que personne ne vienne lui voler son coeur et qu'elle reste innocente jusqu'à la fin de ses jours, sans réaliser qu'il était égoïste. L'ami, lui, n'avait pas le droit de faire ça. Il ne pouvait que la conseiller et lui dire ce qu'il pensait de la chose. Ce qu'il avait fait. Soit... si, de plus, ils avaient dit exactement les mêmes choses, ... peut-être que ça voulait dire quelque chose, en fait. Qu'ils n'avaient effectivement pas tord, en l'occurrence. Ou que Bo la prenait pour sa petite soeur à son tour, peut-être, mais ça, il savait que c'était faux. Il tenait à la jeune femme, mais pas au point de croire être son frère. Jun Wan remplissait déjà suffisamment la tâche, pas besoin de se rajouter dans le tableau pour que le plus vieux ait envie de doublement le tabasser après qu'il ait apprit ce qui venait de se passer. Autant se taire, à présent, parce qu'en position de grand frère, il n'était pas très bien placé pour ça.

« Mais toi...tu n'es pas n'importe qui. Tu pourrais très bien être le premier. »

Les mots avaient pris un bon moment avant de se rendre à son cerveau. Il n'assimilait pas réellement la signification de ce qu'elle venait de lui dire. Il ne comprenait pas non plus si c'était une mauvaise blague, ou si elle était sérieuse en disant ça. C'est pourquoi il était resté immobile à fixer le plafond un bon moment avant de tourner la tête, ses yeux croisant les siens une fraction de seconde avant que celle-ci ne semble détourner le regard. Elle était donc sérieuse et attendait sa réaction. Quelque part, il savait qu'elle devait regretter ce qu'elle venait de lui dire. Ce n'était pas quelque chose qu'on demandait sur un coup de tête, surtout pas à son meilleur ami. Un meilleur ami n'était pas n'importe qui, mais la chose en soit restait malsaine. Et ça pouvait facilement détruire une relation, ce genre de choses. Mais Bo ne savait de toute évidence pas comment réagir face à ce qu'elle venait de lui dire. Ce n'était peut-être qu'une constatation au fond. Il redressa donc la tête et continua de fixer le plafond. Il aurait parfaitement pu ignorer ce qu'elle venait de dire et faire comme si rien ne s'était passé. Mais ce n'était pas non plus la meilleure chose à faire. Il cligna des yeux et soupira. Ce n'était pas juste, ce qu'elle faisait là. Elle lui demandait de prendre quelque chose qu'il n'avait pas le droit de toucher, mais qui lui avait demandé beaucoup d'efforts à nier jusqu'à présent. Ce n'était pas la virginité en elle-même de son amie, mais plutôt le fait qu'il n'avait pas envie que ce soit n'importe qui. Sans pour autant penser qu'il le « méritait » plus qu'un autre, l'idée arrivait tout de même à le rendre jaloux. Et plus il y pensait, plus il en était lui-même honteux. Il soupira et referma les yeux un instant.

Je... Sa Rang, t'es cruelle.

Il mordilla l'intérieur de sa joue. C'était tout ce qu'il était arrivé à dire, sur le coup. Le fond de ses pensées : elle était cruelle de lui faire ce coup là. Non, il ne devait même pas réfléchir à l'idée, en fait. Maintenant qu'il avait assumé ce qu'elle avait dit, il devait s'y faire, il n'avait pas le droit de toucher à son amie. C'était le fruit défendu. Y réfléchir aurait été comme considérer le suicide, ou bien encore possiblement changer son avis sur la chose. Il resserra son emprise autour des épaules de la jeune femme un instant avant de poser son menton contre la tête de cette dernière.

Je pourrais chercher une raison pour te faire comprendre que ce n'est pas parce que je n'ai pas envie mais bien parce que je n'ai pas le droit de faire une chose comme celle-là, mais je ne suis pas bon pour raisonner.

Tu sais, si... si c'était plus naturel, ça aurait certainement été différent. Si tu ne me l'avais pas demandé comme ça. Si tu ne me le demandais pas seulement pour t'en débarrasser et que je n'avais pas l'impression que ce n'est que pour cette raison... ça serait différent. Autrement, je ne suis pas la bonne personne. La bonne personne sera une personne dont tu as réellement envie.

Bo : Je... Sa Rang, t'es cruelle.

Bo : Je pourrais chercher une raison pour te faire comprendre que ce n'est pas parce que je n'ai pas envie mais bien parce que je n'ai pas le droit de faire une chose comme celle-là, mais je ne suis pas bon pour raisonner. Tu sais, si... si c'était plus naturel, ça aurait certainement été différent. Si tu ne me l'avais pas demandé comme ça. Si tu ne me le demandais pas seulement pour t'en débarrasser et que je n'avais pas l'impression que ce n'est que pour cette raison... ça serait différent. Autrement, je ne suis pas la bonne personne. La bonne personne sera une personne dont tu as réellement envie.

Sa Rang : Là, c'est toi qui est cruel avec moi.

Sa Rang : Alors, il faudrait que tu m'aides à comprendre ce que "avoir envie de quelqu'un" signifie...

« Là, c'est toi qui est cruel avec moi. »

C'était lui qui était cruel ? Il l'avait observé se redresser sans dire un mot, restant simplement immobile. Comme s'il n'osait pas vraiment bouger, en fait, parce que n'importe quel geste aurait pu le traduire à partir de ce moment-là. Évidemment qu'il avait peur de dire les mauvaises choses, de la blesser, de dire quelque chose qui lui ferait croire ce qui n'était pas réellement la vérité. Ou à l'inverse, en faire trop, peut-être la répugner ou lui faire croire que ce n'était que ce qu'il cherchait au bout du compte. Il n'y avait aucun juste milieu dans la tête de Bo, et tout ça lui paraissait complètement irréel. Il ne croyait pas en l'amour fou et à tous ces trucs là, mais quand même, il respectait l'avis des autres. Et la plupart des jeunes femmes qu'il avait rencontré y croyaient dur comme fer. Mais lui, il n'était que très rarement plus qu'une aventure d'un soir. Sa Rang, elle, n'était pas une vulgaire jeune femme dont il se ficherait plus ou moins par la suite et ne rencontrerait plus jamais. Jusque là, il avait tout simplement ignoré. Franchement, des envies d'adolescent pré-pubert, c'était pas ce qui allait le déranger à son âge. Et il y était parvenu, plus facilement qu'il n'avait cru possible. Et tout ça, simplement parce qu'il respectait la jeune femme. Parce que Sa Rang comptait pour lui. C'était la seule raison, au fond, et il n'avait pas à chercher plus loin. Ce n'était pas l'amour, rien à voir avec ça. Et c'était probablement ce qui était le plus triste à ses yeux. Autant, en temps normal, il s'en foutait... autant pensait-il que Sa Rang, elle, avait le droit de connaître le grand amour et d'être heureuse un jour, puis de se donner entièrement à cet homme qu'elle aimerait.

Il avait ouvert les yeux lorsqu'elle lui avait demandé de l'aider à comprendre ce que c'était que d'avoir envie d'une personne. Puis il était resté silencieux un moment, encore une fois, juste pour empirer la chose. Sa main se glissa doucement jusqu'à la sienne, qui était posée au niveau de sa joue à lui, ses doigts retrouvant les siens qu'il serra délicatement. Puis il ferma à nouveau les yeux. Il inspira discrètement, mais profondément, mordillant une fois de plus sa langue. Avoir envie de quelqu'un... ça ne se disait pas. Les mots ne pouvaient exprimer une telle chose, tout comme l'amour, il imaginait. Du moins, c'est ce qu'il avait lu et relu dans les livres et entendu plusieurs dire. Peut-être qu'elle n'arrivait pas à comprendre autant que lui n'arrivait pas à assimiler le sentiment amoureux. Lorsqu'il ouvrit les yeux, son regard retrouva celui de la plus jeune. Il entremêla ses doigts aux siens avant de la tirer doucement à lui, se redressant en même temps, jusqu'à ce que son visage rencontre le siens, à quelques millimètres prêts, son coude se posant contre la table alors qu'il tenait toujours sa main dans la sienne. Sans force, il l'avait attirée à lui. Puis il avait levé l'autre main pour venir écarter quelques mèches du visage pâle de la belle, détaillant d'abord les yeux en amande de son amie - les mêmes que son frère. Puis ses lèvres, sur lesquelles son pouce glissa dans un geste presque trop tendre. Apprendre le désir à une autre personne était une chose toute aussi difficile que d'apprendre l'amour. Mais si elle voulait que ce soit lui, il ne voulait pas qu'elle lui demande de la débarrasser de sa virginité. Il voulait qu'elle lui demande de lui faire l'amour. Même si ce n'était que pour jouer la comédie le temps d'une nuit et que tout revienne à la normale le lendemain. C'était ce qu'il espérait, du moins ; que tout redevienne normal par la suite. Il ne voulait pas qu'elle oublie, non, pas du tout. Qu'elle s'en rappelle ; mais qu'elle ne s'en rappelle pas comme du moment où Bo, son ami, lui avait rendu service parce qu'elle ne pouvait plus tenir le rôle de « madone » qu'on lui avait si bien assigné. Après les avoir caressés un moment, il délaissa la chevelure dans laquelle ses doigts s'étaient perdus, ceux-ci glissant le long de son bras dans un geste délicat avant qu'il ne vienne poser sa main contre la taille menue de Sa Rang. Puis il inclina la tête, soufflant contre sa joue avant de la renverser, prenant la place du dessus, toujours sans la brusquer. Ça ne servait à rien de la brusque, de toute façon. Ça aurait simplement été... oui, déplacé.

Désirer quelqu'un, c'est...

... ça dépend. Mais ça, il n'osa pas le dire, son genou se frayant un chemin entre les cuisses de l'asiatique. Rien de vulgaire, il s'était simplement placé entre ses jambes de façon à pouvoir être un peu plus prêt d'elle, son corps retrouvant le siens en quelques secondes. Sa main droite se posa au bas du dos de la coréenne, au creux de ses reins, ses doigts - froids - s'insinuant sous le vêtement, s'arrêtant lorsqu'ils entrèrent en contact avec la peau cette fois plus chaude de son amie. Ses lèvres frôlèrent sa gorge avant de retrouver le chemin de son oreille pour y chuchotter la suite.

Désirer quelqu'un... ça ne s'explique pas. Ça se ressent. On peut désirer une personne par attachement...

Ou encore... ça peut-être purement physique. Mais de réellement désirer une personne... c'est probablement un sentiment donnant l'impression d'être malsain, d'être obsessif. Possessif...

Il appuya une légère force au niveau de ses reins pour qu'elle se redresse et soit assise, son corps se retrouvant bientôt entre ses cuisses, comme s'il avait déjà été fait pour s'y retrouver. Elle lui faisait confiance. En tout cas, il espérait. Il ne ferait rien. Du moins, pas ici, pas tout de suite... il ne laissa tout de même pas filer ce qui s'offrait à lui et pressa son bassin contre le siens. Peut-être agissait-il d'une façon trop poussée, plus qu'il n'aurait dû, seulement pour lui montrer à elle ce que c'était que le désir chez lui. Évidemment, le sentiment était beaucoup plus fort que ce qu'il ne pouvait se permettre de lui montrer, ou de lui prouver. Mais sa réaction l'intriguait. Si elle ne savait même pas elle-même et qu'elle ne l'avait jamais vécu, comment pouvait-elle réellement savoir si elle le désirait ou non ? Ce n'était pas exactement de la réceptivité à laquelle il s'attendait, mais plutôt un signe. Sa main glissa le long de sa cuisse et s'arrêta à mi-chemin, tandis qu'il relevait la tête, ses pupilles noires cherchant les siennes.

Tu le saurais, si tu avais réellement envie de moi, Sarang.

Bo : Désirer quelqu'un, c'est...

Sa Rang : Bo, tu...

Bo : Désirer quelqu'un... ça ne s'explique pas. Ça se ressent. On peut désirer une personne par attachement...

Ou encore... ça peut-être purement physique. Mais de réellement désirer une personne... c'est probablement un sentiment donnant l'impression d'être malsain, d'être obsessif. Possessif...

Bo : Tu le saurais, si tu avais réellement envie de moi, Sarang.

Il aurait pu sourire et penser « victoire » face aux réactions de Sarang. Ce que bien d'autres auraient fait. Seulement, lui, ne cherchait aucune victoire. Certes, il avait testé la plus jeune et ça, il l'assumait parfaitement. Mais, au fond, Bo ne s'était pas du tout attendu à ce qu'elle soit réceptive à ses gestes, ou ses mots. Il s'arrêta pour écouter ce qu'elle disait - mais rien de concluant ne semblait vouloir traverser les lèvres de Sarang. Il avait alors détourné le regard, fixant l'épaule de la plus jeune. Il fut presque surpris lorsque, à peine avait-il relevé la tête, que ses lèvres se posaient à nouveau sur les siennes. Il lui avait fallut une seconde ou deux avant de capter, mais il ferma tout de même les yeux, sa main toujours immobile remontant le long de sa cuisse pour ensuite la tirer un peu plue contre lui, avec moins de retenue cette fois. Puis sa main retrouva le bas de son dos, recherchant à petites doses la même chaleur humaine chez la plus jeune.

Il aurait fallu qu'il soit aveugle pour ne pas comprendre le sens du baiser. Même si elle ne comprenait probablement pas ce qui l'avait poussée à faire ça - ou peut-être que, si, elle comprenait trop bien - elle savait parfaitement le faire ressentir au travers du baiser. Ses doigts remontèrent le long de sa colonne, effleurant à peine sa peau, tandis qu'il reprenait son souffle l'espace d'une seconde. C'est vrai que, vu comme ça, il aurait pu vivre de ce contact qu'il en aurait été heureux. Sûrement. Si on omettait le fait qu'il avait des besoins humain ; comme, manger, ou respirer dans ce cas. Il revint tout de même chercher les lèvres de la jeune femme, parce qu'il aurait certainement été fou de ne pas profiter de ce contact un peu plus. Sans abuser. C'était ce qui le freinait. Il ne devait pas abuser. Sa main retomba donc le long de son dos pour venir se poser au bas, son autre main s'étant éventuellement posée contre sa hanche. Il se retira enfin, en douceur, sa joue se posant contre la sienne. Possessif ? Il l'avait réellement dit, que ça rendait possessif, l'envie. Forcément, lorsqu'il parlait de l'envie, de la vraie, il ne parlait pas d'un coup d'un soir dont on avait envie parce qu'on avait un peu trop d'alcool dans le nez. C'était ce qui était dangereux, avec l'envie. Ça pouvait revenir à n'importe quel moment et ne se rassasiait pas aussi facilement qu'on pouvait le croire. Et franchement, il n'avait pas du tout envie de refuser, ni de s'écarter, surtout pas à ce moment. Après un court moment de réflexion, il conclu qu'il allait réellement s'attirer les foudres du grand frère de la belle, si ce n'était pas déjà fait et qu'il n'était pas déjà en train de le chercher partout dans l'université. Cela dit, il ne penserait certainement pas à la salle de conseil. C'était vraiment rassurant, au fond ? Son regard se posa vers le fond de la salle, tandis qu'il caressait avec délicatesse la peau de la plus jeune, ses lèvres frôlant toujours l'intersection de sa mâchoire, tout prêt de son oreille. Même s'il acceptait... ça ne serait pas ici. Il ne dit cependant rien et ferma à nouveau les yeux, baissant la tête pour cette fois refermer ses dents contre une parcelle de peau nue qu'il relâcha presque aussi rapidement.

Tu... ?

Un mince sourire osa finalement dessiner les lèvres du plus vieux face au désemparement de la brune. Elle n'avait pas l'habitude, ça, il en était conscient. Mais, profondément... c'était comme si Bo s'était toujours dit qu'il était impossible qu'elle n'ait pas déjà flanché et n'ait pas été un peu plus loin que le baiser qu'elle lui avait offert. Mais ça, c'était d'avis général, et même envers elle. Il avait l'habitude de penser que même la plus timide des Jayu n'était pas totalement blanche comme neige... Il releva la tête et revint attraper les cuisses de Sarang, les resserrant contre sa taille. Il considérait déjà un privilège le fait qu'elle s'ouvre à lui de la sorte. Seulement de poser ses mains contre son corps, c'en était déjà donc un énorme, de privilège, et Bo le réalisait. Si c'était si facile pour lui, est-ce que ça aurait été facile pour n'importe quel autre garçon avec la volonté de se rendre jusqu'au bout ? Peut-être, au fond. Peut-être qu'elle, seulement, ne réalisait pas à quel point elle était encline à craquer sous la plus faible des pressions. Au fond, ça le frustrait. Et de ne pas savoir pourquoi ça le frustrait redoublait sa frustration, même si la pointe de jalousie envers le premier qui s'approchait de la soeur de Wan le narguait depuis déjà un bon moment. Il se raisonna enfin et pinça les lèvres, s'écartant légèrement de son amie pour la regarder, sans pour autant se défaire de l'étreinte qui les rapprochait. Il observa les traits de son visage un instant. Au fond, lui aussi, était faible et pathétique. Autrement, il ne se sentirait pas flancher si facilement devant les beaux yeux et Sarang, ou encore n'en demanderait pas encore plus parce que ses lèvres n'étaient plus contre les siennes. Ou plus évident, il ne serait pas en train de peser les pour et les contres dans un rapide calcul mental, à savoir que ça voulait dire qu'il reconsidérait sa réponse. Il soupira, baissant les yeux, visiblement frustré. Il ne savait pas si c'était plus le fait qu'il se décevait lui-même plus que le fait qu'il n'avait jamais senti l'obligation de se retenir, surtout pas à cause des autres, qui le dérangeait le plus. C'était bien ça, le problème... sa langue claqua contre son palais, imperceptiblement, et il revint écarter quelques meches de cheveux qui étaient à nouveau retombé sur le visage de la jeune femme.

Pourquoi tu ne viendrais pas dormir à ma chambre, ce soir ?

Il réalisait que ça voulait tout dire. Mais il n'avait pas non plus considérer l'idée de lui dire que lui-même n'était pas « prêt » en ce moment, du moins sur le plan technique. Parce que, non, Bo n'avait pas pensé à ces choses là en se réveillant ce matin là, surtout pas lorsqu'il avait texté Sarang parce qu'il avait envie de la voir aujourd'hui. S'il s'était réellement attendu à ça, alors là, il y aurait réellement eut un problème chez lui. Puis ensuite, lui avouer que l'endroit n'était pas très approprié aurait été embarrassant. C'était comme réfléchir comme une fille, en fait. Ah, ça, non... il posa brièvement ses lèvres au bout du nez de Sarang avant de poursuivre.

Si tu veux, je peux... demander à Hee qu'il aille dormir chez un copain, cette nuit.

Bo : Pourquoi tu ne viendrais pas dormir à ma chambre, ce soir ?

Bo : Si tu veux, je peux... demander à Hee qu'il aille dormir chez un copain, cette nuit.

Sa Rang : Je veux bien.

Oui, je serais là. Et ce serait effectivement mieux si...il n'y avait que toi et moi.

Sa Rang : Bo...j'ai peur de ce qu'il peut arriver avec les autres mecs qui agiront comme toi avec moi. Je me sens si...vulnérable.

TBC. . .

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