« Bip Bip Bip. »

L’idée que je m’étais trompée en programmant mon réveil me traversa l'esprit. Oui, je m’étais sûrement trompée. Car j’avais la sensation d’avoir dormi une heure tout au plus. Au bout de quelques minutes de doute, j’ouvrais quand même les yeux, difficilement. Non, je ne m’étais pas trompée. Je me rendormais quelques instants, mais je me forçais à sortir de mon lit. Ouille. Je n’aurais jamais pensé que me lever à 5 heures du matin était si dur…

Au réveil, j’avais déjà un affreux mal de tête. Pourquoi me lever si tôt ? Et bien tout simplement parce que, depuis mon arrivée à l’Université, l’absence de parents fait que je mange n’importe quoi à n’importe quelle heure. De la glace à une heure du matin, un curry à quatre heures de l’après-midi et d’autres. Résultat, j’ai pris 5 kilos. Donc, j’ai décidé de me lever tôt chaque matin et d’aller faire un jogging au parc Namsan, avant de rentrer au dortoir, de prendre une douche et de foncer en cours. Aujourd’hui, je commençais. Aïe.

J’enfilais en vitesse un jogging en combattant l’envie alléchante de retourner dans mon lit, de me rouler en boule sous la couette, et de dormir deux heures et demi de plus. Je marchais dans la chambre en marmonnant des insultes à l’égard de personne et de tout le monde d’une voix ensommeillée. Je titubais en direction de la salle de bain et m’arrosais le visage, après avoir vue ma tête de déterrée. Je me brossais les dents et me peignais vaguement avant de rassembler mes cheveux en une queue de cheval informe. Je laçais mes baskets et sortais. Il n’y avait personne dans les couloirs, ce qui me fit un drôle d’effet puisque je les avais toujours vus bondés Je marchais en direction du parc en frissonnant, vissait mes écouteurs à mes oreilles, lançait ma liste de lecture préférée et, après avoir soufflé un bon coup, je me mettais à courir à allure moyenne. Le vent finissait de me réveiller et me rafraichissait les idées.

Ce n’était pas désagréable… les premières minutes. Mais je me mettais bientôt à souffler comme un buffle. Je n’avais jamais été très endurante. Un point de côté fit son apparition et je lui souhaitais la bienvenue avec un juron. J’avais déjà fait deux tours du parc. Je m’interdisais la faiblesse, je ne m’arrêtais pas. J’attendais d’être vraiment à bout. Encore un tour. Je ralentis mon allure car mon cœur s’emballait. A ma plus grande surprise, il ne se calmait pas. Paniquée, je m’arrêtais brusquement. Je me sentais toute bizarre. Mon cœur continua son rythme effréné et moi j’étais essoufflée. Mes jambes tremblaient et la tête me tournait. Je baissais précipitamment le son de mon lecteur et l’erreur que j’avais commise me vint alors à l’esprit. L’imbécile que j’étais n’avait rien avalé avant de fournir un pareil effort. Je ne sentais plus mon corps, je me battais pour me sortir de ma torpeur mais, en vain. La dernière chose que je vis avant de sombrer furent des cheveux noirs qui tanguaient devant mes yeux.