▬ worried; {HyukHee}

Qui a dit que Bo ne travaillait jamais parce qu'il tenait la confrérie la moins sérieuse de l'université ? Eh bah, c'était totalement faux. D'ailleurs, là, il était en train de se perdre dans toutes les feuilles qu'il tenait sur son bureau... d'accord, bon : il n'était pas le plus organisé, ni le plus travaillant, mais il savait s'y mettre (lorsque ça avait traîné trois mois). Il soupira et laissa retomber la pile de feuille qu'il tenait, grimaçant. Une partie était les plaintes des membres de sa confrérie qu'il devait filtrer pour rendre au conseil. L'autre les récentes inscriptions. Normalement, il aurait demandé à Hee de l'aider à repérer les bonnes ou mauvaises inscriptions, mais comme il n'était pas là... tiens, d'ailleurs. Son regard se posa automatiquement vers le cadran numérique du bureau de la chambre. Il haussa un sourcil. Il était déjà passé vingt heure et son mini-moi n'était toujours pas rentré. Pourtant, il se rappelait parfaitement lui avoir dit de ne pas rentrer trop tard et de faire attention - comme toutes les fois. Et comme Hyuk Hee l'écoutait pratiquement toujours et suivait finement ses conseils, il y avait définitivement quelque chose qui clochait. Ses lunettes de lectures retrouvèrent le bureau alors qu'il se levait, cherchant son portable au travers des couvertures du lit du haut, sur la pointe des pieds. Il l'avait laissé là, quelque part... avec le stress, on ne cherchait jamais trop bien de toute façon. Ce pourquoi il fut obligé de monter les marches pour chercher dans le lit, trouvant son portable en un peu moins de cinq minute, redescendre, et enfin composer le numéro du plus jeune. Il venait tout juste d'envoyer le message texte lorsque la porte s'ouvrit, laissant entendre la sonnerie distincte du portable de l'autre. Il en échappa presque le siens, par surprise.

Bo avait toujours profondément cru qu'un lien assez fort les liais. Il arrivait toujours à ce genre de moment-là. Le destin, pensait-il, dans toute son incohérence.

Il leva les bras, lâchant un « Ah ! » en le voyant. La lumière de la pièce n'était vraiment pas très forte - la seule source en provenant du bureau sur lequel il travaillait il y avait de cela quelques minutes, mais il pouvait parfaitement reconnaître le plus jeune. De toute façon, qui aurait osé entrer dans cette chambre sans toquer ? Exactement. Personne. Il balança son portable dans le lit du bas - celui de l'autre - et revint vers son bureau, déplaçant le cadran de sorte à ce qu'il fasse face à Hee. Les chiffres numériques affichaient maintenant vingt heure trente. Il observa les chiffres un instant, fronçant les sourcils pour finalement croiser les bras vers le plus jeune.

Tu as vu l'heure ?

Puis une moue remplaça l'air - presque - sévère qu'il lui avait adressé. De toute façon, Bo n'arrivait pas à être méchant avec le gamin. Il était beaucoup trop attendrissant pour qu'il ne puisse penser à garder un air dur, qui, de toute manière, n'était pas du tout convaincant. Il soupira donc à nouveau et replaça le cadran - manie à ce que tout soit parfaitement bien placé et dans le bon angle. Tout ce qu'il voulait dire par là, c'était qu'il s'était inquiété. Bon, d'accord, il l'avait remarqué un peu en retard que le plus jeune n'était toujours pas rentré : mais pour cause. C'est parce qu'il travaillait, cette fois, et donc n'avait rien à se reprocher. Il se laissa retomber dans la chaise un peu trop dure à son goût et appuya son coude au bureau, passant une main dans ses cheveux avant de finalement lever la tête vers le blond pour le regarder directement cette fois. Pourquoi était-il si silencieux, soudainement ? Normalement, il se serait rué sur lui et lui aurait fait milles excuses, tellement que Bo se serait senti désolé à son tour et lui aurait tout pardonné en dix minutes parce que ce n'était rien de mal et, ça, il en était conscient. Hee n'était pas rattaché à lui par quelconque moyen et il ne le tenait pas non plus en laisse. Seulement, il avait l'habitude d'agir avec lui comme s'il était son propre enfant. Ça, c'était un peu drôle comme image. Il fronça les sourcils et plissa les yeux, comme tentant de voir son visage dans la pénombre. Il avait un truc à lui cacher, c'est ça ? Parce qu'il restait loin et ne le regardait même pas dans les yeux. Un long silence se prolongea dans la pièce, tandis qu'il croisait une jambe sur l'autre, son bras gauche retrouvant le bas de son ventre alors qu'il attendait que l'autre se prononce. Parce qu'il savait que Bo n'attendait que ça, qu'il parle, non ? Il pinça les lèvres et baissa la tête, ne remarquant même pas le visage meurtri de son jeune compagnon de chambre. Il s'exprima donc d'une voix beaucoup plus basse et douce cette fois, son regard toutefois figé au sol.

Hee, qu'est-ce qui se passe ?

Ce goût. Encore ce goût que Hee détestait et qui envahissait sa bouche depuis tellement longtemps maintenant. Peut être une heure, peut être plus. Il n’avait pas vraiment fait attention, non, il n’y avait pas fait attention du tout en fait. Tout ce qui le préoccupait pour le moment était ce goût dont il voulait absolument se débarrasser. Il était âpre et amer. Qui aurait cru que le parfum de la vie pouvait être aussi horrible, que le sang avait arrière goût de fer et dont ne sait quoi d’autre. Mais rien de plaisant en tout cas. Si Hee avait été Dieu, il aurait donné au sang un goût de fraise. La couleur correspondait déjà, et puis quand les enfants se feraient mal, ils seraient plutôt contents que tristes. Et les vampires paraitraient moins effrayants. Il y aurait toujours ce risque que des gens se fassent mal volontairement juste pour avoir l’illusion de manger de la fraise mais bon, ça aurait quand même été mieux…
Assis par terre, dans une ruelle peu fréquentée, Hee tentait tant bien que mal de reprendre une respiration régulière, chaque mouvement le faisant atrocement souffrir. Il s’y était habitué pourtant. Ce n’était pas la première fois que Mi Hwang passait ses nerfs sur lui, mais à chaque fois c’était un peu plus douloureux. Plus encore lorsque leurs rencontres se faisaient à peine à quelques jours d’intervalle… Une perle salée s’échappa de l’œil du blondinet et roula doucement sur son visage rond tandis qu’il essuyait sa lèvre inférieure à l’aide de sa manche, un mince filet de sang coulant le long de son menton. Puis il sortit un bonbon de son sac et le mit rapidement dans sa bouche, le suçant légèrement. C’était déjà mieux. Là son sang avait vraiment un goût de fraise. Mais malgré ça, d’autres larmes vinrent s’ajouter à la première obligeant le pauvre Hee à respirer de façon saccadée, intensifiant la douleur.

Cela faisait un moment qu’il se trouvait seul sur ce sol froid, mais il ne voulait pas se relever maintenant. Alors quelques minutes passèrent encore avant qu’il ne se décide à regarder l’heure. 19 heures passées ! Bobo allait être furieux, il devait vite rentrer. Se levant du mieux qu’il put, s’appuyant contre le mur, Hyuk Hee passa d’abord dans une petite épicerie pour acheter des lingettes nettoyantes et s’essuya méticuleusement le visage. Malgré tout, on pouvait voir que le blondinet s’était prit un coup violent sur la lèvre… Bon tant pis, il le cachera à Bo hyung, et s’il le voit il trouvera bien une excuse… Il fit alors le même chemin qu’il avait prit plutôt dans l’après midi mais il lui fallu bien 15 minutes de plus cette fois, puisqu’il devait s’arrêter par moments pour reprendre sa respiration.
Le leader des Jinsil allait être vraiment, vraiment furieux. Oui, malgré son état Hee pensait à cela avant tout, car la dernière chose que l’adolescent souhaitait c’était décevoir son Hyung ou le mettre en colère. Lorsqu’il arriva enfin devant la porte de leur chambre, non sans peine à cause des escaliers qu’il dut monter, son portable se mit à sonner au même moment où il ouvrit la porte. La première chose que Hee remarqua en ouvrant la porte fut la lumière tamisée. Seule la lampe du bureau de Bo était allumée, et cela arrangeait le plus jeune qui ne se donna même pas la peine de regarder son portable sachant pertinemment que le message qu’il venait de recevoir était de son hyung. Preuve supplémentaire, ce dernier jeta son portable sur le lit du bas avant de l’approcher avec un « ah » qui mêlait sans doute soulagement et exaspération.

▬ Tu as vu l'heure ?

Comment aurait il put la rater ? Bo venait pratiquement de lui planter son horloge devant les yeux. Mais Hee ne s’en formalisa pas, il s’attendait à cette réaction. Il s’attendait même à pire. Une tape sur la tête peut être ? Mais malgré la question du plus âgé, Hee resta silencieux, le regard fixé sur le sol, les lèvres pincées. Il l’observa s’assoir sur sa chaise et le fixer. D’habitude ça ne l’aurait pas gêné, mais là Hee n’aimait pas ça. Il se sentait mal à l’aise et avait peur que Bo ne remarque quelque chose. Seule la marque sur sa lèvre inférieure était visible mais le blondinet s’angoissait quand même. Le silence se prolongea quelques secondes encore jusqu’à ce que Bo baisse à nouveau la tête et ne lui demande ce qu’il se passe d’une voix douce. Surpris, Hee releva la tête et s’il ne risquait pas de se faire encore plus mal, se serait sans doute mordiller la lèvre inférieure. Finalement il détourna son regard vers la droite et prit enfin la parole.

« Rien de grave hyung. J’étais tellement content en sortant du magasin que je ne faisais pas attention où j’allais et je me suis perdu. Désolé de t’avoir inquiété pour rien… Il n’est pas encore très tard mais je suis fatigué, je vais me coucher. Tu devrais en faire autant hyung, tu as beaucoup travaillé.»

Et là-dessus, Hee se dirigea vers son lit et saisit son pyjama. Un pyjama blanc décoré de fraises évidemment avant de se diriger vers la porte de la salle de bain. Une fois à l’intérieur il ferma la porte à clef et se déshabilla lentement. L’image qu’il vit dans le miroir le dégoûta un peu. Que dis-je un peu, énormément. Des traces de coups rougeâtres, des bleus… Hee en avait plusieurs sur le torse, les bras et les jambes. Une chance qu’il n’ait rien de cassé. Après un long soupire il se changea enfin et chercha un moyen de masquer cette petite blessure à la lèvre. Sauf que ni lui ni Bo ne se maquillaient. Donc rien. A moins que du dentifrice vert ne fasse l’affaire, ce dont il doutait. Bon tant pis. Là-dessus, il rouvrit la porte et se dirigea vers son lit, évitant de croiser le regard de Bo.