Debout sur le bord de la péniche, elle laissait certainement paraître sa nervosité, due à la proximité flagrante d’eau en forte quantité car Willow ne savait pas nager et avait une sainte horreur de se retrouver prise en piège comme s’il s’agissait de lave en ébullition prête à la réduire à l’état de cendres au moindre faux pas. Les phobies ne se contrôlaient pas et de nos jours, peut d’individus se retrouvent dans le même cas. Une autre théorie qui la classait parmi les bizarreries de ce monde entre ceux qui n’aimaient pas le chocolat et ceux qui prenaient peur devant un moustique. Si bien que par instinct, elle se laissa guider par ses pas, reculant lentement en plaçant un pied derrière l’autre, continuant d’observer l’eau. Une eau qui lui rappelait un peu sa vie, grise, monotone mais pouvant s’avérer une ennemie implacable. Hum Willow une ennemie ? Avant de faire du mal à un insecte, elle y pensera une bonne dizaine de fois et lorsqu’elle se serait décidée, la « bête » s’en serait allée.

La peur n’était pas réellement qualifiable. Au fond que signifiait elle ? Un simple signal chimique dans son cerveau la paralysant d’un seul bloc avant de lui donner quelques sueurs froides. Un frisson parait ensuite montant malignement le long de sa colonne vertébrale. Tout ceci semblait insensé et pourtant, Willow avait peur de tout perdre là, maintenant, conservant son sourire le long de ses lèvres pour paraître à son avantage. Un seul mot de travers et elle se retrouverait dans les flots. Pas mal comme idée ? Le commercial avait dû tout prévoir, s’ils devaient la faire disparaître sans laisser de traces ni même de témoins, la ballade en péniche était un bon moyen. Bien sûr, ce scénario tortueux n’existait que dans son esprit tordu.

Cette journée, elle l’avait pensé depuis son arrivée à Londres. Que dire ? Comment se comporter ? Owen était une personne, un être humain et non un extra terrestre, alors elle construisit une liste d’activité, de question, de blagues en tout genre afin de trouver ses goûts, ce qui le faisait rire ou mieux encore qu’il détestait par dessus tout. La blondinette n’était pas masochiste loin de là, mais de telle réponse la guiderait pour éviter tous les impaires que sa maladresse à déjà fait. Cela ne l’empêchera pas de se manifester sur cette péniche au détriment de sa crédibilité. Willow n’était peut être pas une groupie collante, hurlant ses poumons à deux millimètres des oreilles de son groupe favoris pour lui percer les tympans mais elle était une paparazzi redoutable. Elle démontrait très certainement cette facette de sa personnalité à plusieurs reprises durant la journée. Ses pensées s’estompèrent pour regagner la réalité tout aussi surréaliste. Owen venait de la convier à le rejoindre pour ainsi démarrer du bon pied cette journée.

« Est-ce que je peux vous tutoyer ? Enfin ce ne sera que pour aujourd’hui mais disons que c’est assez étrange de vouvoyer une personne ayant seulement deux années de plus. »

Willow s’approcha avant de s’asseoir non loin de lui, la feuille griffonnée pliée en quatre dans sa main. En tout premier lieu, elle se détacha de son sac qu’elle déposa sur le côté avant de finalement déplier cette feuille avec quelques idées à développer – ou non. Dans un premier temps, son regard balaya les écritures éparpillées sur l’ensemble de la feuille afin de les classer dans le bon ordre. Une manière efficace également contre les boulettes.

« Je ne sais pas si c’est une bonne idée pour qui je vais me faire passer. Hum … la première suggestion requiert un accessoire et à vrai dire si je rate cette opportunité, Lullaby, ma meilleure amie, va m’étriper sur place. Pour m’éviter cette fin douloureuse fin, est ce que tu accepterais de te prêter à une séance photo faite par la plus célèbre des photographes du quartier sur de Londres, c’est à dire moi ? »

Elle reprit un instant son souffle avant de prendre possession de son sac et en sortir un appareil numérique de moyenne gamme, pouvant retenir jusqu’à deux cents cinquante photographies sur une petite carte puce.

« Mais pour donner un avant goût du reste, j’ai apporté des photos du groupe pour un petit autographe. Ce n’est pas pour moi, je l’ai déjà obtenu et il me suffit. J’ai également une multitude de questions à te poser qui resteront très confidentielles enfin j’espère obtenir quelques exclusivités. »

A présent détendue elle lui tira même la langue pour lui indiquer qu’il s’agissait d’humour. Au fond, elle aimait déjà le taquiner rien que pour le plaisir de voir son visage toujours détendu prendre une expression différente.